Salam Alekoum...

En Chine, on peut potentiellement changer de pays lorsque l'on entre dans une nouvelle province. C'est flagrant quand on pénètre sur les terres de l'ancienne route de la soie, dans le Xinjiang, à l'extrême nord-ouest du pays.

Après les pérégrinations tibétaines (ou assimilés), je découvre donc une toute autre facette de la Chine, bien plus orientale, cette fois-ci. Cette région est très grande et reculée... Je boufferai des heures et des jours de bus pour relier une ville à une autre.

Urumqi, la capitale de province est atteinte en 24h de train... Et c'est une mégalopole chinoise, comme ils sabvent bien le faire... Mais les petites ruelles et la périphérie dévoilent déjà les coutumes Ouïgoures, peuples de ces contrées, qui n'ont pas vraiment demandé quoi que ce soit aux Chinois, et qui se retrouvent maintenant minoritaires, parmis la grande majorité de Han...

Bref, les barbeuks sont de sortie, les pains cuits au four s'étalent partout et remplacent largement les paozé ou mangto chinois (ces pains blancs à la vapeur), et le porc a disparu des échopes et des menus de restaurant... La brise du soir calment les ardeurs du soleil, on se sent bien plus détendu dans les rues, et attablés les gens parlent et discutent tranquillement... La vie est très cool ici...

Pendant une quinzaine de jours donc, je vais retracer la route de la soie, en bus et en train, pour découvrir la culture Ouïghur, apparentée à la Turque, gouter aux spécialités locales, bercé aux sons de l'appel à la prière et des cris des enfants jouant dans les ruelles des anciennes cités... Cette région est époustouflante coté nature aussi... Le Karakorum Highway, qui mène au Pakistan est à couper le souffle... Entre les cités séculaires et les montagnes enneigés, les Kazaks se mélangent aux Kirgizs, et l'on ne trouve presque plus aucune trace de l'influence chinoise. Les Yourtes jalonnent les routes, autour des lacs aux eaux émeraudes...

La couleur locale se retrouve aussi dans les marchés dominicaux, de Hotan à Kashgar, où la ville entière se retrouve dans les rues pour acheter et vendre, comme depuis des siècles...

Ainsi les dernières semaines ont été bien plus excitantes que je ne l'aurai imaginé, et la découverte des peuples Ouïghur, Kazaks et Kirghizs m'a vraiment donné envie d'aller voir de l'autre coté de la frontière. Ce sera pour une prochaine excursion...

Après 3 mois de voyage dans le pays, il n'y a pas que la Chine, mais les Chines... C'est une kyriel de peuples tous aussi intéressants, enrichissants que sympathiques les uns que les autres, qui forment la base d'un pays à la tête vraiment malade.
A l'approche de l'ouverture des JO, les autorités sont devenues totallement parano, et je ne vous ai pas raconté les histoires de sécurisation lancinante au fur et à mesure que l'on s'approche de la date fatidique... C'est au point de se demander si la Chine veut vraiment des étrangers sur son sol...(je dirai que non...) . D'un point de vue du touriste c'est déjà assez étonnant, imaginez alors le dissident (et pas forcément extrême...).
Chaque jour apporte son lot de nouvelle mesure contre les "aliens", et les dernières en date sont l'interdiction de consulter internet autre part que dans les auberges, ou la multiplication à outrace des barrages policiers. Le Xinjiang est une région sensible, car les Ouïghurs n'ont jamais vraiment accepté les Hans sur leur sol (d'ailleurs c'est assez flagrant dans les villes, il y a toujours une zone chinoise, et une autre ouïghur, ils ne se mélangent vraiment pas, et n'ont absolument rien en commun, si ce n'est la statut de Mao qui trône sur les places centrales...). Les Ouïghurs parlent Ouïghur (dérivé du turc), et les Chinois parlent chinois... entre eux c'est l'incompréhension...

Rakma !

Ni hao !

Entre deux poses visuelles, je reviens à la culture moderne via le oueb, pour conter mes histoires, et relater les derniers émois chinois... poil au doigt!

Me voili donc dans les contrées très très proches du Tibet, exactement à Zhongdian (mais pour les blanc-becs, elle a été rebaptisée Shangri-La, plus facile à prononcer!)... Ainsi, le Tibet, cette terre si chérie par le gouvernement local, est, depuis la révolution culturelle au moins, déserté par ses si sympathiques habitants, pour des raisons que les dirigeants ne saisissent peut-être pas encore...

Cela dit, nombre de tibétains se sont refaits une petite vie tranquille du coté Indien, Népalais ou... Yunnanais (la région chinoise, voisine de ce grand plateau, dans laquelle je suis maintenant). Ainsi, il y a parait-il ici plus de Tibétains qu'au Tibet !

Et les premiers jours dans la région confirment cette impression ! Des habitants bien plus mats de peau que les Han (la communauté majoritaire en Chine), des habitudes de vie singulières, avec temples Tibétains, Yak, Cheval et autre boucs sur les grandes plaines vertes. Bref, je suis au coeur d'une nature immense et sauvage à certains endroits, tout pour satisfaire dépaysement et randonnées !

Lijiang est déjà un grand terrain de jeu pour les virée en VTT dans les plaines et les montagnes de l'Hymalaya. Aidé en cela par mes potes du moment, Laure, Gael, Fanny et Charlène (vous remarquez tout de suite que ce sont bien des gars d'chez nous ça...), rencontrés un peu plus au sud, à Ruili, je m'organise quotidiennement des rando-vélo dans les villages alentours... Batiste, un autre français de passage me suivra dans le village de Yuhu, déserté par les touristes (oufff!, contrairement à Baisha), mais tout aussi pittoresques ! D'ailleurs, je remercie tout ce petit groupe très sympathique pour leurs soirées et leur accueil. Grâce à eux, je serai à jour des expressions à la mode à mon retour au bercail. On s'est organisé une soirée "France Power", avec repas et Bienvenue chez les Ch'tis! au programme...

Après la Gorge du Saut du Tigre, où j'ai passé deux jours à crapahuter, je me retrouve dans la lamasserie Guihua à Songzhanlin (monastère tibétain) à préparer avec des amis chinois et un moine le fameux thé au beurre de Yak... Deux vidéos sont là pour témoigner de la superbe rencontre avec la nature, d'un côté, et les habitants du pays de l'autre! (pour une fois, j'ai saisie l'appareil pour graver le moment ...). Mémorable!...

La Gorge est à mi-chemin entre Lijiang et Zhongdian, un endroit grandiose dans tous les sens du terme... Je traverse des villages déserts en journée, tout le monde se retrouve dans les champs, je croise les boucs et les chevaux. Puis ma rencontre avec le 1er Yak est immortalisée par une photo... Il est timide et s'enfuit :-)... Je passe deux jours ici, constamment surveillé par les pics dominant le Yantzé, et sous la bienveillance de la montagne enneigée des 5 doigts...

Je fais la connaissance ici avec Pauline, une singapourienne, qui me présente à des amis chinois. A 5 (3 chinois, une singapourienne et un fagouo...), on part sur les traces du plus grand temple tibétain  chinois! Epoustouflant! En prime, l'un des chinois, natif de la région, nous présente à ses potes... moines! Dans cet immense temple bouddhiste, bonne humeur devant des tasses de thé au beurre de Yak, avec comme accompagnement, une sorte de pâte que l'on fabrique avec du beurre de Yak, de la farine d'orge (?), du thé de Yak et nos petite mimines... C'est le petit-déj. typique des moines. C'est gras, lourd, et à force écoeurant... Mais, comme c'est offert de bon coeur, je finirai tout! Gups...

Voilà en images animées la préparation!...

La 1ère séquence révèle le professionnalisme de la conception de ce si convoité thé (?)...